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  • ericschemoul2

Une boue d'étoiles...


« Il n’y avait pas un souffle de vent mais j’avais l’impression que le jardin s’agitait par lui-même, qu’il s’ébrouait comme une énorme bête… Et j’étais là sur son dos qui bouge, je chancelais, je voyais la mer, en contrebas, les vagues étaient déchaînées, violettes, elles prenaient d’assaut le promontoire : la mer montait ! Elle avait l’air furieuse, vite, je suis allé me réfugier sous un grand eucalyptus. Je n’avais pas remarqué qu’il faisait si noir tout à coup ! Une obscurité à couper au couteau ! Il faisait si froid, soudainement, il y avait là, entre les hautes herbes, une vraie fente de ténèbres, ce qui sortait de là, c’était sombre et nauséabond, l’air d’une tombe. Oui, je savais, j’allais peut-être mourir, mais je ne pouvais m’empêcher de pénétrer là-dedans, cela m’attirait, il y avait une Présence, une force… C’était étrange, les étoiles avaient chu à présent, tout autour de moi, elles agonisaient, je les piétinais, j’avais les chevilles engluées dans cette boue lumineuse qui souffrait et se plaignait à chacun de mes pas. Des plaintes, oui, j’entendais des plaintes, j’avais peur, mais il fallait que je continue. Il faisait de plus en plus noir, les étoiles formaient des monceaux d’immondices, maintenant, d’énormes tas d’étoiles pourries, ça sentait la mort. »


Extrait de « La Mort est un jardin », premier roman publié de Eric Schemoul.


Image : "La mer jaune" de Georges Lacombe 1892


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