Étrange tableau de De Chirico, "la fabrique des rêves"... Il est minuit et je m'interroge sur ce personnage obscur, au centre de l'image, à la fois sujet et figure de l'invisible. Curieuse coïncidence, je viens de commencer "Le Maitre des illusions" de Donna Tartt, et la première phrase me subjugue : "Est-ce que quelque chose comme la "fêlure fatale", cette faille sombre et révélatrice qui traverse le milieu d'une vie, existe hors de la littérature ?" Je pense soudain que ce personnage obscur incarne cette faille, cette brisure en nous de l'irréparable, là où s'engouffrent les rêves... mais pourquoi viennent-ils mourir là, sur cette place déserte, dans ces palais du vide, au pied de ces tours aveugles, malgré les brillantes couleurs de l'infini ?
Pas de réponse. Ou plutôt si, la réponse est dans l'énigme du tableau, lorsqu'on laisse cette œuvre nous questionner et creuser en nous cette faille sombre, cette fabrique des rêves, cette "fêlure fatale". Mourir et renaître.
S'abreuver de cette énigme au lieu de vouloir à tout prix la résoudre.
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